Ennui... Ennui... Ennui...

Mentalement je pousse un soupir pour confirmer cette sensation qui a envahi mon être depuis que je traine dans le salon avec certains de mes congénères et que ces derniers ont simplement ouvert la bouche. On dit que les vampires sont des êtres incroyables. Toutefois, moi, je vous l'affirme les deux, que j'ai en face de moi, sont d'une banalité à pleurer malgré le fait qu'elles appartiennent à la noblesse... En prime, je dois avaler cette satanée blood tabs infecte. Ce qui n'arrange en rien mon humeur. Alors que mon esprit ne songe qu'à une jugulaire qui bat la chamade et au délicieux nectar qui s'écoule à l'intérieur et dont je salive rien qu'à l'idée de m'en emparer.

Ennui... Ennui... Ennui...

Si je reste là, elle vont m'achever. A cet seconde, je me dis en prime, que dans quelques années, je devrai me résoudre à épouser ce genre de nunuche pour glorifier le nom des Shiruba, bien que je ne sois pas l'aîné. Personnellement je crois que je préférerai devenir un level c plutôt que de me retrouver coincer pendant des centaines de décennies à un spécimen sans éclat comme ceux-là.

Ennui... Ennui... Ennui...

Laissez-moi sortir ou je vais moi-même m'empaler sur le premier objet pointu que je croise.

Ahhh...

Non là, ça devient vitale, il faut que je parte même si nous sommes encore en journée. Mais je ne peux endurer une seconde de plus leur présence. Alors j'utilise mon arme imparable. Avec mon plus beau sourire charmeur, j'annonce simplement :

- Veuillez m'excuser Tsuki ainsi que toi Aeka, malheureusement je vais devoir me priver de votre si adorable compagnie. Je dois encore régler certaines choses afin de pouvoir partir serein pour rejoindre ma famille pour les fêtes de fin d'années.

C'est mielleux, pompeux, d'une politesse extrême et surtout d'une hypocrisie absolue. Cependant les deux filles me sourient avec un air compréhensif qui me hérisse le poil. Comment deux créatures qui sont censées appartenir à la plus brillante des races, peuvent-elles tomber dans le panneau d'une excuse aussi minable. Ca me dépasse. Je me lève, fais une légère inclination de la tête et me tourne en direction de ma chambre, en faisant une grimace de dégoût qu'elles ne peuvent apercevoir.

Si au départ, je suis parti de manière élégante avec ma prestance légendaire, en tournant au coin du couloir, c'est une tout autre histoire. J'accélère le pas et mets les mains dans mes poches afin de regagner ma chambre. Oh ne croyez absolument pas que je compte y faire quoique ce soit. Une fois à l'intérieur, je passerai comme toujours par la fenêtre pour m'échapper de cette prison dorée qu'est le dortoir du pavillon de la lune. Parce que n'ayez aucune illusion dans cette école, l'être libre, magnifique et sadique que je suis, a juste la sensation d'étouffer sous le poids de toutes ces interdictions. Pourquoi je reste ? Demandez-le à mon satané vieux qui m'a collé ici à la place de mon cher grand frère afin de se donner l'image parfaite de l'homme politique qu'il est. Heureusement que ce n'est pas moi l'héritier et que mon aîné est enchanté quant à lui de prendre cette même voie.

Non, moi la seule ambition que j'ai dans mon existence est de m'amuser et de pouvoir m’abreuver à toutes ses veines humaines qui sont à ma disposition ici à peine à quelques pas de nous. Enfin c'était le projet que je m'étais fixé jusqu'à ce qu'elle débarque...

Qui ? Et bien Mika Ayakashi...

Du premier jour où je l'ai vu, une seule idée m'a traversé l'esprit et le corps. Laquelle ? Qu'elle m'appartienne. Non ce n'est pas cela exactement. Quand j'ai plongé dans ses yeux mauves, j'ai su qu'elle ne serait qu'à moi et quelque soit le mâle qui tenterait de s'en approcher, je lui ferai comprendre qu'on ne convoite pas de ce qui est ma propriété... Appelez cela du désir, de l'obsession ou autre, peu importe. Je ferai de cela une réalité...

J'ouvre la porte, j'accélère le pas et enfin je saute par l'encadrement vitré comme si c'était la chose la plus naturelle du monde. Oui, sauter du second est tout à fait normale dans mon univers. Ce qui ne veut pas dire que ça l'est pour mes autres semblables. J'atterris dans l'herbe avec agilité et commence à me faufiler à travers les arbres. A cette heure, je sais parfaitement où elle se trouve et si par mégarde, j'avais le moindre doute, il me suffirait de suivre son odeur.

J'ai besoin de sa compagnie pour me distraire mais cela n'est pas de son goût. Même si elle s'entête à jouer les froides, je veux me repaitre de sa présence, de sa chaleur, de sa senteur... Pouvoir frôler d'un de mes doigts la chaire blanche et ferme de sa cuisse. Incliner ma tête pendant que ma langue léchera la peau de sa clavicule et que sous mes lèvres, je pourrai sentir la palpitation des battements de son cœur. Tenter de poser une fois de plus mes crocs sur la finesse de son cou alors qu'elle tournera brusquement son visage vers moi avec ce regard qui me transperce à chaque fois et m'empêche d'aller plus loin dans cette envie. N'osez pas exiger que je vous donne la raison de cette emprise qu'elle a sur moi car je l'ignore complétement... Enfin presque... Je me doute qu'il doit y avoir un rapport avec cette étrange lumière qui se tapit au fond de ses prunelles. Quelque chose qui me touche malgré moi et me bouleverse alors qu'elle n'est qu'une humaine...

J'y suis presque. Dans moins d'une minute, elle passera par là. Dans moins d'une minute, j'attraperai son poignet alors que les autres ne lui porteront pas attention. Je l'entrainerai dans la parc sous le saule pleureur pour que nous soyons à l’abri des regards. Je la coincerai contre le tronc, imposant mon corps contre le sien et je jouerai...

Ne pensez pas non plus une seconde qu'elle me suivra docilement et avec joie. Comme toujours, elle essaiera de m'échapper. Mais comme toujours je serai le plus rapide à me mouvoir parce qu'elle est la chose la plus sérieuse pour moi et que je ne peux lui permettre de s'enfuir. Ce besoin que j'ai d'elle, me rend fou et je vous assure que j'aimerai parfois qu'il n'existe pas. Parce que lorsque je me laisse submerger, plus rien ne peut calmer la frustration qui se manifeste et me pousse à des extrémités qui peuvent laisser des séquelles sur plus d'un. En sa présence, je ne suis plus qu'instinct et animal. Seul mon besoin primaire compte.

Au début j'ai tenté de me contenir après tout elle est devenue l'un des gardiens de l'école et Toga, son tuteur et accessoirement notre professeur, m'a déjà averti de ne plus m'approcher d'elle sans savoir réellement quel était ma manière de la traiter. Parce que si il le découvrait, tout élève que je suis, il n'hésiterai pas à reprendre son arme de hunter et me supprimer sans sourciller. Cependant rien y fait et étrangement elle l'a compris. Ce qui me fait dire que je ne lui suis pas totalement indifférent malgré ce qu'elle prétend. Je le sais. Je le sens que je l'attire aussi logiquement que je suis attiré par le sang car cela est inscrit au plus profond de mes gênes. Il en est de même pour elle, je suis inscrit au plus profond de sa chaire et c'est certainement pour cette raison qu'elle me laisse agir de la sorte même si elle continue de me combattre. Ce qui attise bien évidemment un peu plus mon envie qu'elle ne soit qu'à moi.

Ca y est je la vois.

Un... Deux... Trois...

Je saisis son bras de la manière dont je l'ai imaginé quelques instants plutôt. Je ne lui jette même pas un coup d’œil et l'entraine sur notre sentier habituel. Je sens sa mains qui tente de m'échapper en se libérant. Néanmoins j'enserre, de mes doigts longs et fins, plus fort ma prise sur son poignet. Comme toujours, elle sait qu'elle ne pourra m'échapper. L'arbre est là. Mes mouvements se font plus pressant. Je fais un léger mouvement de la main, elle pivote et se retrouve le dos contre le bois avec mon corps comme rempart pour entraver toute fuite.

Sans que Mika est le temps de protester, j'impose mes lèvres sur les siennes et je me nourris de sa bouche dans un baiser qui se veut violent. A cet instant, je me sens enfin vivant. Même si elle tente de me résister, encore et toujours, elle abandonne à la fin. L'échange dure quelques instants tandis qu'une de mes mains s'est planté dans ses cheveux et que l'autre tient fermement son avant-bras. Je m'appuie de tout mon poids contre elle afin de sentir chaque parcelle de son être. Je finis par interrompre la chose et quand je recule ma tête, je vois enfin ce regard noir qui me fait tous les reproches de la terre. Alors je souris. Je m'incline vers son oreille et souffle :

- Tu pourras me dire une nouvelle fois que tu ne veux pas de cela. Que je dois cesser d'agir de la sorte. Que tu ne supporte plus cette situation malsaine. Tu sais très bien qu'au final, ton avis ne comptera pas pour moi.

Je l'observe du coin de l’œil, heureux de ce que je déclenche en elle et ajoute :

- Je sais très bien qu'au fond de toi, tu aimes quand je suis comme ça même si tu le nies. Sinon pourquoi ne te défendrais-tu pas plus pour me résister et m'empêcher d'agir de la sorte. Après tout, tu as ce qu'il faut comme arme pour me tenir à distance.

La colère alors anime ses prunelles. Je sais qu'elle ne désire qu'un un truc là, me frapper pour me faire comprendre combien je suis égoïste, horrible, sadique, pervers. Combien je la blesse en agissant de la sorte et en bafouant ses sentiments. Combien elle me déteste... Mais cela, je n'ai pas l'utilité de le savoir parce que je suis le mieux placé pour connaître ma nature et c'est exactement ces mots qui la décrivent le mieux. Ce que je veux, je l'obtiens toujours. Tant pis pour la souffrance que je déclenche chez l'autre. Pourtant, malgré tout, elle continue de me repousser encore et encore comme un papillon tente de s'échapper de la toile de l'araignée qui l'a pris dans ses filets. C'est la première fois qu'une fille me dit non et me tient tête de la sorte. Jamais personne ne m'avait dit cela depuis le début de ma vie...

Sans attendre de réponse, je me remets à jouer avec son corps jusqu'à ce que le désir se fasse moins dur et présent en moi. Je sais qu'elle attendra en s'obstinant encore... Simplement, parce que je ne lui en laisse pas le choix... Elle est à moi...